Origine du mot et phénoménologie
Lorsque j'ai commencé à m'intéresser de très près à la Sophrologie dans les années 90, et particulièrement vers les années 95 et suivantes au cours desquelles, j'ai suivi avec le plus grand intérêt les cours de l'école de Sophrologie caycédienne, un mot m'avait particulièrement, à la fois, fasciné et intrigué, le mot : intentionnalité.
Qu'est-ce que ce mot pouvait signifier, me disais-je alors, tout en commençant à réaliser ce que représentait ce quatrième pilier de la Sophrologie caycédienne, " une sémantique correcte et originale ", en ce sens que le Professeur Alfonso CAYCEDO a doté la Sophrologie qui porte son nom, d'une terminologie propre et originale.
Le mot intentionnalité n'était pas à proprement parler un néologisme caycédien, et je trouvais sa définition dans le dictionnaire comme " Particularité de la conscience d'être toujours conscience de quelque chose ". Dans le premier abécédaire sophrologique que j'avais rédigé en 1997, j'ajoutais : " Attitude de la conscience tendue vers l'Etre ".
Ce mot intentionnalité revenait très souvent pendant les cours d'épistémologie avec d'autres mots d'ailleurs, comme conscience, vivance, phronique, etc...
Si les mots comme herméneutique, axiologie, vivantiel, tridimensionnel, etc. trouvèrent rapidement signification, j'avais une certaine difficulté à considérer l'intentionnalité comme une simple projection à l'existence d'une intention primaire ou encore d'un acte intentionnel, comme il est d'usage dans la terminologie phénoménologique et existentielle.
Il me semblait qu’ " intentionnalité " avait une signification plus profonde et qu'il me fallait chercher une réponse dans les racines de l'existence.
A la fin d'une conférence sur la prévention du stress avec la Sophrologie, un des médecins présents m'a dit ceci : " De la manière simple dont vous expliquez les choses, vous avez parcouru le sujet en profondeur ". Il avait raison, si nous voulons être crédibles, il nous faut nous adresser à nos auditoires avec clarté et concision, et cela présuppose une connaissance étendue du sujet qui nous permette d'en extraire un résumé clair et intelligible. Obscurius per clarum et non l'inverse comme l'écrivait ironiquement Jules LAGNEAU quand il évoquait " l'explication " par la philosophie.
Bref, je me suis attaché à étudier les fondements historiques du mot intentionnalité à travers la phénoménologie existentielle depuis Frantz BRENTANO qui en fut l’inventeur jusqu'à nos jours avec les récentes découvertes des neurosciences de pointe.
Certains philosophes médiévaux appelaient déjà " intentio " la propriété des choses mentales de porter sur des choses extérieures.
DESCARTES avait considéré l'esprit comme une conscience subjective qui contiendrait des idées correspondant (ou parfois échouant à correspondre) à ce qui est dans le monde. Cette conception de l'esprit comme représentant le monde atteignit son apogée dans la notion due à Frantz BRENTANO d' intentionnalité.
D'après Frantz BRENTANO, tous les états mentaux (perception, mémoire, etc.) ont lieu à propos de quelque chose, déjà en quelque sorte une première approche du concept d'intentionnalité. Selon ses propres termes, les états mentaux ont nécessairement une référence à un contenu ou encore une direction vers des objets. Cette marque spécifique de l'esprit, ce caractère orienté, Frantz BRENTANO affirmait qu'ils représentaient l’intentionnalité. Cet usage du terme " intentionnel " ne doit surtout pas être confondu avec son acceptation signifiant faire quelque chose exprès.
Edmund HUSSERL était l'un des étudiants de Frantz BRENTANO et il élargit considérablement son œuvre. Dans l'un de ses ouvrages publié en 1913 " Idées directrices pour une phénoménologie ", Edmund HUSSERL tenta de développer une procédure spécifique pour examiner la structure de l'intentionnalité, à savoir la structure de l'expérience elle-même, sans aucune référence au monde factuel, empirique. Il nomma cette procédure " Mise en suspens " ou " Epochê ", car elle requerrait que l'on mette entre parenthèses en quelque sorte, le jugement ordinaire concernant la relation entre l'expérience et le monde.
En mettant entre parenthèses la thèse de l'attitude naturelle, Edmund HUSSERL déclarait pouvoir étudier les contenus intentionnels de l'esprit, de manière purement interne, c'est-à-dire sans les renvoyer à ce quoi ils semblaient se référer dans le monde. C'est dans " Idées ", qu' Edmund HUSSERL commença l'exploration de ce nouveau domaine en réfléchissant sur la conscience et en discernant ses structures principales. Edmund HUSSERL posa le premier jalon de la science réflexive - intuition des essences - Dans une sorte d'introspection philosophique, il tenta de réduire l’expérience à ces structures essentielles et de montrer alors comment elles engendrent notre monde humain. Pour appréhender le Monde, disait-il, nous devons voir en lui la marque de notre propre structure.
La Sophrologie caycédienne s'est fortement inspirée des travaux de Edmund HUSSERL et comme le dit souvent le Pr. Alfonso CAYCEDO c'est notre Maître à tous.
Même si aujourd'hui les travaux immenses réalisés depuis ces deux dernières décennies dans le domaine des neurosciences nous permettent de mieux comprendre les concepts d'émotions, de conscience, de sentiment de soi, etc. la science réflexive demeure et nous permet d'accéder nous-même à travers l'intuition des essences à une nouvelle existence, c'est la phénoménologie existentielle.
A ce stade de ma propre réflexion, je découvre que l’intentionnalité n'est pas un modus operandi d'un dessein délibéré d'accomplir, ni même le caractère d'une intention projetée à l'existence; cette dernière définition me semble a priori assez réductive. C’est en quelque sorte un mouvement de conscience à propos de quelque chose. Je finaliserai en proposant qu’intentionnalité est un terme signifiant " Etre à propos de quelque chose dans une dynamique, un acte intentionnel " et dont la structure intuitive, essentielle apparaît d'autant mieux qu'il est procédé à la mise en suspens des jugements ordinaires (réduction husserlienne).
C'est un acte d'apparaître !
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L’Esa, école de sophrologie de l’Artois enseigne la sophrologie authentique. Une formation de qualité, formant au métier de sophrologue au travers de cours permettant l’acquisition de la méthode, des pratiques, des conditions d’installation. L’ESA prépare au diplôme de sophrologue et Sophrologue expert, un atout pour la profession de sophrologue. Elle organise des séminaires de Sophrologie sur la sophrologie et l’enfant, l’adolescent, la sclérose en plaques, et bientôt des réactualisations prenant en compte les dernières avancées des neurosciences.